Volontariat à OrcaLab dans l'ouest du Canada. Il y a ces lieux qu’on voit dans les documentaires et qu’on rêve de voir un jour dans sa vie sans vraiment y…
Destination les grandes plaines du Canada.
Avant de mettre les pieds au Canada, on avait en tête les stéréotypes incontournables des montagnes enneigées, des lacs bleutés et des forêts de sapins habitées de bûcherons et de caribous. Mais ce pays nous a dévoilé des paysages qu’on n’aurait jamais imaginé y voir !
À des milliers de kilomètres des sommets ou des océans, là où une mer coulait à flots il y a des millions d’années, on a posé les yeux sur une contrée sauvage à l’opposé des clichés qu’on avait sur le Canada. Les paysages arides et venteux des Prairies, au beau milieu du pays, ont été un gros coup de cœur. Ils nous ont transportés sur une autre planète.
À la découverte de la Saskatchewan
Pour situer, on se trouve au Sud de la Saskatchewan, proche de la frontière des USA. La plupart des plaines que nous traversons depuis le Manitoba sont des terres agricoles (monoculture de colza, maïs, blé…) et forages de pétrole. On déprime un peu d’en voir autant. Mais on est bien conscients qu’il nous faut du pétrole pour rouler et on comprend pourquoi il n’est pas cher en Saskatchewan.
Coup de cœur du Canada : le Parc National des Grasslands
Afin de voir les prairies naturelles et préservées, on prend la route du Grasslands National Park, le Parc National des Prairies en français. Loin d’être un paysage plat comme son nom pourrait le suggérer, les Prairies sont vallonnées et cachent un décor d’un autre monde, les Badlands, qui, elles, renferment les secrets des dinosaures !
Le parc des Grasslands est divisé en 2 blocs : le bloc Ouest et le bloc Est. Les Badlands se trouvent dans le bloc Est et c’est la partie que nous avons préférée, certainement car elle est moins populaire que le bloc Ouest. Ce dernier abrite néanmoins des villages de chiens de prairies plutôt impressionnants !
Et si on allait camper dans les Prairies de la Saskatchewan ?
Contrairement à la plupart des parcs nationaux où il est préférable de s’en tenir aux sentiers pour ne pas perturber la flore, on peut marcher partout dans les Grasslands. La végétation a évolué dans un climat hostile (sècheresse, hiver rude) et sous le pas lourd des bisons. Les plantes ont donc développé des racines solides et profondes, et le piétinement fait partie de leur cycle de vie. Après la disparition des bisons (réintroduits depuis), ce sont les troupeaux de vaches qui ont continué à endurcir cette flore unique en son genre au Canada.
À l’idée de pouvoir aller où bon nous semble, on a eu un sursaut d’excitation ! Retrouver le sens de l’exploration, un petit bonheur simple pour se reconnecter entièrement à la nature. Sur un coup de tête, on s’est dit pourquoi pas aller camper sous les étoiles dans les prairies. Pourquoi pas partir à tâtons vers l’inconnu ? Au moins, on ne risque pas de tomber nez à nez avec un ours.
Accompagné de la carte du parc, d’un GPS et de notre flair légendaire, on décide de partir à l’aventure, pour trois jours et deux nuits en camping dans l’arrière pays. On vérifie que tout est bien en ordre dans Blue Bear qui restera au camp de Rock Creek (petit pincement au cœur de le laisser tout seul). Les gourdes sont remplies, on part avec 6 litres d’eau. Il fait 30 degrés la journée donc faut pas déconner avec l’eau. Les rangers du parc nous ont indiqué sur la carte une croisée de chemins où nous pourrons nous ravitailler en eau le lendemain. Nos repas sont prêts, presque zéro déchet avec des plats préparés par nos soins et quelques conserves. Au moment de partir, on discute avec un québécois qui vient d’arriver. Finalement, on part bien plus tard que prévu, le soleil commence déjà à descendre. Bon, allez, go !
Première étape : les Buttes Rouges
Direction l’ouest, le soleil en pleine figure. La houle dorée des collines s’étend à perte de vue. C’est le bonheur de voir s’étirer l’horizon au lointain. Après avoir beaucoup randonné en forêt au Québec et en Ontario, l’absence d’arbres nous donne comme l’impression de respirer ! Bon, la vue a beau être dégagée, on réussi à se perdre à plusieurs reprises. Il n’y a pas de sentier, pas un seul repère physique pour se repérer. Juste des hautes herbes et quelques clôtures barbelées. “Ah tiens, regardons sur la carte où se trouvent ces barrières. Suivons les un peu vers le Nord. Voilà un passage, la direction semble être bonne. Continuons.”
On pose le camp au crépuscule entre les bouses de bison. Il n’y a aucun nuage à l’horizon, aucune pollution lumineuse, la nuit s’annonce parfaite pour observer les étoiles. Un groupe de coyotes se met à hurler à l’unisson quelque part dans l’immensité des prairies. C’est magique.
Une rencontre sauvage inoubliable
Au petit matin, une envie de faire pipi me sort du duvet tout chaud. Les premiers rayons du soleil recouvrent la prairie d’une couverture d’or qui lui donne des airs de savane. J’emmène l’appareil avec moi. Il n’y a pas un seul arbrisseau pour se cacher (aventurière mais pudique quand même). Accroupie derrière une touffe d’herbe un peu plus haute que les autres, j’aperçois une curieuse silhouette de cerf-mulet qui s’approche en douceur. Quelle beauté. Je me fais pipi dessus. Haha nan, ceci est une blague, je trouvais que ça passait bien dans le récit. Note plus sérieuse : toujours emmener son appareil photo quand on va faire pipi :)
Petit déj avalé (pudding de chia au chocolat, miam), nous remballons le bivouac et partons en route pour les Buttes Rouges. Notre orientation ne nous joue pas de tours cette fois ci et nous arrivons à destination dans la matinée. Au sommet d’une des buttes, un immense nid de rapace coiffe la caillasse rouge ! Cet endroit est plein de vie !
Deuxième étape : les Badlands et la Valley of 1000 Devils
On prend maintenant la direction Sud-Est. Le vent souffle, il nous aide à supporter la chaleur étouffante. Je ne peux m’empêcher de penser à ce film qui a bercé mon enfance, Danse avec les Loups… On est en plein dedans. Les collines se font de plus en plus hautes. Les loups ne vivent plus ici depuis longtemps mais on découvre des cercles de tipi, ce sont des vestiges du passé mais leurs esprits semblent toujours faire vibrer cette terre.
Les Badlands se rapprochent, l’herbe se raréfie et fait place à un sol asséché, où poussent cactus et buissons miniatures. On se délecte des petits détails et s’arrête souvent faire des photos. C’est une technique pour oublier les jambes lourdes et les plaintes. “Il fait chauuud, j’ai sooiiif… oh un cactus !”
Panorama sur les Badlands où la prairie se mélange au désert
Au beau milieu des prairies, les reliefs des Badlands se dessinent et nous mettent une claque monumentale. Un vrai décor de film. La cerise sur le gâteau, c’est que les dinosaures y racontent leurs secrets :) Cet endroit est l’un des rares où il est possible d’observer une fine ligne dans la roche (appelée K/T boundary) qui marque la grande extinction entre le Crétacé et le Tertiaire. Des fossiles de dinosaures se trouvent en dessous de cette ligne, dans la roche du Crétacé ! Pendant 2 heures, on scrute le moindre caillou à la recherche de la mystérieuse colonne vertébrale d’hadrosaure fossilisée. Introuvable. On se contente d’un petit crâne de chien de prairie sur le sol tout craquelé.
Camper sous le ciel étoilé des Badlands
Ce soir là, on pose le camp entre les cactus, bien avant le coucher de soleil, avec vue sur la Valley of the 1000 Devils. Il est temps de chiller et d’observer encore tous ces cailloux aux formes étranges. Il y a des créatures qui rodent. Quelques chiens de prairie se dressent sur leur pattes arrières à l’affût du danger. De gros lièvres (que j’ai pris pour des lynx) bondissent avec une agilité évidente. Le crépuscule se teinte de rose. On est bien.
Il est minuit. J’entends Coco qui s’extirpe de son duvet tout chaud, enfile un pull (laisse la lumière allumée) et quitte la tente. Je me rendors. Quelques minutes plus tard, le zip me ramène dans un demi sommeil. Ça gigote encore à côté de moi. Un petit doigt me tape l’épaule. “Regarde”. Je fronce les yeux pour faire la mise au point sur le petit écran de l’appareil photo. La voie lactée, brillante de ses millions d’étoiles, se dessine au dessus de notre tente.
Une petite envie d’attraper ta tente et de partir randonner ? Laisse nous un petit mot si notre aventure t’as fait voyager :) Nous on se laisserait bien tenter encore et encore par ce genre d’expédition en pleine nature.
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