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Carnets de wwoofing dans le nord de la Nouvelle Zélande

[ EDIT ] Cela fait bien longtemps que nous n’avons rien posté sur le blog. Cependant, nos déambulations n’ont pas vraiment cessé ces douze dernières années. Et en Septembre 2022, c’était la sortie de notre livre Wwoofing et voyages alternatifs ! Un ouvrage dédié à celles et ceux qui souhaitent vivre des aventures hors des sentiers battus, riches de rencontres et d’entraide. Nous y racontons une partie de nos expériences mais c’était impossible de tout y mettre, contrairement à un blog où la place est presque illimitée ! Alors voici le récit de quelques bouts de vie en Nouvelle Zélande, à l’époque où nous cherchions à voguer sur les flots, entre 2014 et 2015. [ EDIT ]

Depuis notre premier PVT en Australie, l’idée de partir à l’aventure sur un voilier était dans un coin de notre tête. Quatre ans plus tard, en Nouvelle Zélande, nous sommes amenés à tenter pour la première fois l’expérience, totalement par hasard, aux côtés d’un de nos hôtes adorés, surnommé papi Keith, qui nous accueille pendant quelques mois.

La belle vie dans les environs d’Auckland

Depuis plus de 40 ans, Keith vit dans une communauté qu’il a participé à fonder, constituée de plusieurs maisons, d’une école alternative, d’un potager et d’un atelier communautaires. Dans le verger poussent des citronniers, des orangers, des noyers, des figuiers, des goyaviers ainsi qu’un immense plaqueminier. Nous y découvrons le feijoa, un fruit très prisé par les néo-zélandais, et préparons toutes sortes de confitures à base de ce précieux petit œuf vert. Nous aidons au jardin avec l’entretien du potager, la taille des arbres et le broyage du bois, ainsi qu’à la maintenance de la maison et le tri du garage de Keith. où nous dénichons avec surprise une réserve de miel, oubliée dans un coin, dont les cristaux énormes feraient saliver n’importe qui.

Nous logeons dans une petite habitation séparée de la maison principale, qui servait à entreposer le miel à une autre époque. La pièce est munie d’un lit et d’un bureau. Il y règne une douce atmosphère bercée par la lumière qui traverse les vitraux colorés. Une plante grimpante et des rosiers recouvrent le toit, si bien qu’on a l’impression de vivre dans une cabane au milieu d’un bosquet. La maison de Keith est dotée d’une grande terrasse en bois, entourée de verdure et surplombée d’une gigantesque vigne dont la taille fut notre toute première mission.

Keith est l’exemple parfait d’un hôte ouvert sur l’échange et pas un seul soir nous manquons de partager des discussions captivantes, en compagnie d’un verre de rouge. Très intéressé par les low techs, il nous parle souvent de ses divers projets tout en nous faisant l’honneur de cuisiner sa spécialité : des énormes pizzas agrémentées de légumes du jardin. À 72 ans, Keith prend tout juste sa retraite après une carrière d’avocat à défendre les familles en difficulté dans la crise du logement. Il nous raconte avec malice le plaisir qu’il prenait à voir l’expression sur le visage de ses confrères lorsqu’il venait au tribunal en short, s’affranchissant gaiement du traditionnel attirail costard-cravate. Un vrai hippie dans l’âme.

Nous profitons de la proximité avec la ville d’Auckland pour aller voir des concerts et visiter les environs, dont la côte de Muriwai où une colonie de foux austraux niche sur les falaises. C’est aussi l’opportunité pour Jérémie de travailler, dans le spectacle vivant et l’événementiel. Keith est très arrangeant et les jours où Jérémie n’est pas disponible, Claire travaille un peu plus au jardin.

À plusieurs reprises, Keith nous embarque sur son voilier dans le golfe de Hauraki. Nous l’aidons à réparer le système électrique de sa batterie et à écoper l’eau qui s’infiltre dans la cale du moteur. Nous hissons les voiles et dirigeons le gouvernail pour la première fois et prenons goût à ces escapades salées complimentées d’une vue imprenable sur le volcan Rangitoto. Tous les jeudis, Keith nous invite à manger au yacht club (capitainerie) et nous continuons doucement de nous imaginer un jour prendre le large.

À la poursuite d’un rêve et d’apprentissages

Quelques mois plus tard, après plus d’un an dans le pays, nous commençons à nourrir plus sérieusement le rêve fou de rejoindre un équipage, en direction des îles du Pacifique Sud. Afin de gagner de l’expérience en navigation, nous contactons des hôtes de wwoofing susceptibles de nous apprendre quelques ficelles (et autres nœuds marins) avant d’aller placarder les marinas de petites annonces. C’est ainsi que nous rencontrons plusieurs hôtes près de Whangarei dans le Northland, région pourvue d’une multitude de baies et de criques propices aux activités nautiques.

Tout d’abord, nous faisons la connaissance de Suzanne et Laurie qui nous accueillent pendant une dizaine de jours sur leur corps de ferme. Ils sont éleveurs et produisent aussi une grande partie des légumes et fruits frais dont nous nous régalons chaque jour avec leurs repas faits maison. Nous sommes impressionnés par toutes leurs conserves de fruits, dont celles des délicieuses pêches sanguines Blackboy ! Logés dans notre propre cottage avec salle de bain et mini cuisine, nous sommes bénis par des hôtes aux petits soins avec leurs wwoofeurs. Notre travail consiste essentiellement à effectuer des travaux de maintenance sur leur propriété avec la tonte et la taille des arbres. Grâce à Laurie, nous prenons connaissance d’une relâche de kiwi qui a lieu non loin de chez eux, un événement qui fera naître une belle expérience d’écovolontariat (à retrouver dans notre livre !).

Amateurs de voile et plus particulièrement de racing, Suzanne et Laurie nous emmènent tester l’expérience à bord de leur monocoque taillé pour la course. Ils nous expliquent que cette pratique est bien différente de la navigation de plaisance et nous passons une journée entière sur l’eau à s’imprégner du vocabulaire technique et découvrir les manœuvres. Lorsque le bateau s’incline parfois jusqu’à 40° au-dessus de l’eau, ça a son petit effet pour les novices que nous sommes et il nous faut un petit moment pour trouver nos repères ! Rassurants et confiants, nos hôtes nous ont énormément appris lors de cette virée riche en sensations.

Curieux de découvrir un autre type de voilier, nous changeons de wwoofing et partons à la rencontre de Lief, une belge installée en Nouvelle Zélande depuis de nombreuses années. Elle nous raconte avoir parcouru le monde en voilier avec son mari dans les années 70 et longtemps continué d’entretenir leur bateau avec amour. Aujourd’hui, elle ne navigue plus beaucoup et souhaite le vendre. Nous l’aidons à nettoyer, poncer et repeindre le pont, tout en s’imprégnant de l’ambiance de la petite marina. Bien que nous ne partirons pas en mer ensemble, cette expérience nous donnera l’occasion de faire une autre rencontre exceptionnelle avec une biologiste marine, une histoire que nous racontons également dans notre livre !

Pendant 2 semaines, nous partageons la vie de Lief, sur sa propriété magnifique située au sommet de hautes collines faisant face à l’océan. Notre logement est encore digne d’un hébergement de luxe avec notre propre mini maison indépendante en bois, dotée de baies vitrées qui offrent une vue à couper le souffle sur le lever de soleil et les îles Poor Knights. Chez Lief, les journées commencent généralement par un plouf dans l’océan pour bien démarrer, suivi de tâches autour du jardin avec le désherbage et la collecte du crottin de cheval ou des algues sur la plage pour les utiliser en compost au pied des arbres fruitiers. Le reste du temps nous le passons à s’occuper du bateau, cuisiner, discuter, faire du yoga, papouiller le chien Jessie et vivre une vie tranquille.

Le mois suivant, nous rencontrons Yvonne et Tony, un couple à la générosité débordante qui nous adopte rapidement comme des membres de leur famille. Ils nous racontent avec fierté comment ils ont construit leur maison de leurs mains et aménagé leur terrain, à l’origine vierge, aujourd’hui recouvert de bois magnifiques, d’un étang, d’un potager et d’un verger, dont une rangée de 5 immenses avocatiers ! Yvonne et Tony ont la main verte et gèrent une pépinière où nous les aidons avec la mise en pot des jeunes plants, la taille des arbres et la création de leur catalogue en ligne. Nous tissons des liens très forts avec ces hôtes en or et la vie avec eux n’est pas de tout repos. Nous passons à côté de la catastrophe le jour où Yvonne se renverse avec le quad dans le fossé, mais heureusement plus de peur que de mal. Nous accrochons bien également avec leur fils de notre âge, Jeremy et sa compagne Juliana, originaire de Colombie. Ils sont parents d’une petite Penelope, 4 ans, qui parle aussi bien anglais qu’espagnol, et attendent un deuxième bébé. Ils nous invitent à toutes leurs soirées, jeux, apéros et activités si bien qu’on a l’impression de se connaître depuis toujours. Juliana nous file quelques coups de main en couture et Claire lui apprend à tisser des paniers. Après 6 mois en Asie, nous reviendrons les voir, rencontrer la petite Lola tout juste née et se faire recouvrir par les câlins de Penelope, qui se souvient de nous ! C’est le bonheur de retrouver des visages familiers lorsqu’on vit si loin de notre famille.

Sur son temps libre, Tony construit un bateau en bois d’une dizaine de mètres, en suivant les plans d’un ami, un chantier impressionnant. Quant à nous, nos après-midis libres nous conduisent à la marina pour chercher des voiliers en quête d’équipage. Nous sommes au mois d’avril et cette saison annonce le départ de nombreux voiliers vers les îles du Pacifique Sud.

Premières nuits sur les flots

Nous rencontrons rapidement plusieurs capitaines avec qui le feeling passe bien dont Paul, navigateur anglais vivant sur son monocoque depuis des années. Il est en partance pour un voyage de 6 mois en commençant par une traversée vers les îles Tonga. Il nous indique que la participation à la caisse de bord est de 12$ NZ par jour et par personne et nous fait visiter son bateau. Nous réalisons que si nous partons avec lui, nous dormirons sur les banquettes de la pièce à vivre avec zéro intimité. Nous ne sommes pas difficiles mais ça risque de devenir compliqué au bout de plusieurs mois. Finalement, Paul décide de refaire le traitement antifouling de sa coque et de repousser son départ.

Grâce à l’annonce que nous avons posté à la marina, nous rencontrons Leo, navigateur espagnol, et décidons de passer une semaine ensemble à bord de son catamaran. D’ordinaire, Leo navigue en compagnie de sa femme, mais elle a préféré rester en Espagne cette fois-ci, raison pour laquelle il cherche des équipiers pour l’aider dans les tâches qu’il ne peut faire seul, notamment hisser la grand-voile, et bien sûr partager les quarts. Il ne demande aucune participation financière et projette de partir en direction des îles Fidji, Vanuatu, Nouvelle Calédonie et Salomon. Un itinéraire qui ne manque pas de nous faire rêver ! Et de nous stresser un peu aussi, il faut l’avouer, car on ne sait pas très bien dans quoi on se lance. Leo sait que nous sommes novices et se dit prêt à nous enseigner, à renfort de ses décennies d’expérience, ce qui nous rassure amplement.

Son catamaran est une véritable maison autonome et tout confort. Nous sommes très excités à l’idée de vivre sur ce bateau qui répond au nom d’Atlantide. Nous participons au nettoyage du navire et à l’inventaire des provisions puis passons à la pratique sur les côtes du Northland. C’est la première fois que nous nous retrouvons sur un voilier au large des côtes et nous découvrons que nos corps ne réagissent pas de la même façon à la houle. Jérémie ressent peu le mal de mer tandis que Claire est barbouillée. Le vent frais aide à minimiser les effets et on se dit que c’est certainement plus agréable de voguer sur ce catamaran plutôt que sur un monocoque si nous étions partis avec Paul.

Nous nous abreuvons de toutes les informations que nous partage Leo à propos du fonctionnement du bateau. Le vent est très faible ce jour là mais nous sortons tout de même les voiles pour nous exercer. Afin de hisser la grand-voile, la première partie se fait manuellement, puis à l’aide de winchs hydrauliques nécessitant simplement d’appuyer sur un bouton. Leo demande à Claire de le faire pendant qu’il observe la voile monter. C’est alors qu’un bruit étrange survient. Leo insiste pour continuer et… PAK ! Nous comprenons qu’un œillet de la voile s’est arraché au premier ris. Leo nous dit que c’est son erreur, il avait oublié de remettre en place certains éléments après avoir bidouillé avec quelques jours plus tôt en compagnie d’un autre capitaine. C’est un véritable puzzle pour nous qui avons encore besoin de nous familiariser avec le vocabulaire complexe et toute la technicité de la pratique. Cependant, Leo a tout ce qu’il faut pour recoudre la voile et le problème est vite réglé. Nous apprenons très vite qu’il faut connaître son bateau par cœur et être capable de réparer un maximum de choses soi-même avant de s’embarquer pour de grands voyages.

Puriri Bay, nous passons notre toute première nuit à l’ancre, pile en face de là où nous avions dormi la première fois à bord de notre minivan aménagé un an plus tôt. Le réveil est magique et calme au son des cormorans et du clapotis de l’eau. Nous passons la journée à remonter vers le nord, avec l’aide du vent cette fois et arrivons à Opua en fin de journée. De nombreux voiliers s’entassent ici dans l’attente d’une fenêtre météo favorable pour quitter le pays.

Nous discutons beaucoup avec Leo et il nous confesse qu’il ne sait pas où donner de la tête quant à la suite de l’aventure. Pour lui, le fait de s’être focalisé sur notre enseignement est la raison pour laquelle il n’a pas été assez vigilant lors de l’incident avec la grand-voile. De notre côté, nous sommes conscients que notre expérience en navigation est encore trop limitée pour le type de traversée envisagée et qu’il faudrait qu’une personne supplémentaire nous accompagne, sauf que les départs sont imminents en cette saison et il est trop tard pour trouver quelqu’un ici. D’un commun accord, nous décidons de ne pas poursuivre le voyage.

Leo nous héberge gentiment sur Atlantide jusqu’à ce que nous trouvions un nouveau plan. On a le sentiment qu’une belle aventure nous passe sous le nez mais nous ne regrettons pas cette décision, surtout avec le recul, connaissant les opportunités que nous saisirons par la suite. Nous décidons de nous envoler pour l’Indonésie. Quant à Leo, cette expérience l’aura fait cogiter au point de remettre en question ses intentions et son voyage, pour cette saison du moins.

Finalement, notre projet de quitter le pays en voilier n’aboutira pas mais nous sommes heureux d’avoir fait toutes ces rencontres à travers le réseau du wwoofing ainsi que nos premiers pas dans l’univers de la navigation. Cela nous a permis de nous familiariser encore un peu plus avec ce mode de vie si atypique. Et puis tout vient à point à qui sait attendre, nous vivrons une belle expérience en voilier deux ans plus tard, au cœur du Triangle de Corail, grâce au réseau HelpX, un récit à découvrir dans le carnet d’aventures de notre livre Wwoofing et voyages alternatifs.

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