C'est l'histoire d'un voyage qui m'a fait découvrir ma vocation. Oui je sais, le "job de rêve" c'est un peu aguicheur comme titre :) mais comme il s'agit de MES…
Road trip dans les terres arides de l’arrière pays du New South Whales
Après avoir vécu 2 mois à Sydney, nous fuyons enfin la civilisation et prenons la route vers l’ouest. On saute de joie à la vue de nos premiers panneaux « attention traversée de kangourou » si typiques de l’Australie. Mais on déchante rapidement en voyant nos premiers cadavres de kangourous dispersés sur la route… Le paysage défile, les collines verdoyantes s’assèchent au rythme des arbres calcinés. Nous passons notre première nuit sur une aire de repos déserte, mis à part ses toilettes sèches puantes et ses mouches insupportables. Le périple commence…
Bienvenue en Australie
Dans ces étendues infinies, les kilomètres de bitume s’enchainent. La route est ennuyeusement droite. La chaleur est étouffante et des panneaux nous indiquent que le danger d’incendie est aujourd’hui EXTRÊME, rien que ça ! On croise nos premiers road trains, camions surdimensionnés aux nombreuses remorques qui sillonnent l’arrière pays australien chargés de bétail ou de minerais. L’approvisionnement en eau commence à se faire rare, les stations service également. Dans l’outback il faut être prévoyant ! Les fermes reculées sont souvent autonomes et s’éclairent grâce à des générateurs.
Nous longeons une partie de la Murrumbidgee River et de la Murray River avant de nous installer dans une oasis au cœur du désert : Mildura. Bien loin d’avoir prévu de séjourner dans cette région, nous y avons été en quelque sorte forcés suite à la perte subite de notre van ! Mais finalement, cet incident nous a permis de faire des rencontres inoubliables, de nous initier aux joies du fruit picking et de découvrir l’outback.
L’outback représente les régions rurales de l’Australie, c’est à dire environ 90 % de la surface du pays ! Et puisque la majorité de la population réside en ville, seulement quelques dizaines de milliers d’habitants se partagent l’outback. Celui-ci se caractérise par des espaces infiniment grands, sauvages, ponctués de gorges, de forêts humides, de formations rocheuses, de bush et surtout de désert… Le désert australien est bien différent de l’image qu’on a du désert du Sahara, ici peu de dunes de sable dorées mais un sol plat ou avec peu de relief, nuancé du crème au rouge terre de feu, caillouteux, sablonneux, parsemé de broussailles et de savane.
Malgré le rude climat qui y règne, la vie sauvage ne manque pas. Bien que nous n’ayons pas encore croisé de kangourou, nous faisons la connaissance de petites bêtes moins mignonnes : la redoutée red back et la wolf spider, araignées que nous croiserons à l’avenir à travers tout le pays. Plus séduisants mais très bruyants, les cacatoès corella nous font part de leurs discussions animées. A les écouter, on se croirait parfois au temps des dinosaures. Leurs cousins, les galahs, vêtus d’un plumage rose et gris, sont aussi très répandus dans le pays, si bien que certains les appellent les pigeons australiens (surnom qui leur est également attribué à cause de leur manque de lucidité). L’Australie compte aussi un nombre incroyable de corbeaux démesurément grands qui se délectent des charognes et participent activement au nettoyage des routes. J’ai hâte de croiser d’autres fameux habitants de l’outback tels que les kangourous, wallabys, émeus, dingos, varans, crocodiles, serpents et autres troupeaux de vaches !
Nos premiers boulots de fruit picking
Journal, 4 mars 2010.
C’est à Red Cliffs, près de Mildura, sous une chaleur étouffante, que nous découvrons les joies des working hostels et du fruit picking. Ici, les auberges de jeunesse sont des auberges de travail (working hostels) qui trouvent du boulot de cueillette (fruit picking) saisonnier pour les backpackers (voyageurs que nous sommes) en accord avec les fermes du coin. A première vue, cela paraît être une solution facile pour trouver du travail… Ou plutôt pour se faire exploiter !
Nous nous essayons tout d’abord à la cueillette de figues. Un van vient nous chercher au petit matin et nous amène à la ferme. Il fait déjà 30°C à 7h… Le fermier brief les nouveaux arrivants sur la façon de récolter les fruits et l’organisation de la cueillette. Nous devons déposer une étiquette avec notre nom à l’intérieur de chaque boîte de figues récoltée. La boîte (contenant une quarantaine de figues) est payée $3,50, c’est parti pour 10 heures de cueillette. Nous faisons de notre mieux pour ramasser les bonnes figues, pas trop vertes, pas trop dures, pas trop mûres, avec le pédoncule correctement coupé au sécateur… On est obligés de porter des manches longues et des gants car la sève qui coule des figues coupées irrite la peau, mais malgré cette légère protection le contact de l’acide avec la sueur devient insupportable, j’en ai plein les mains, les poignets, le visage et même le ventre ! Courage, il n’est même pas encore midi… Nous avons heureusement prévu de quoi grignoter et boire, mais nos 4L d’eau ne suffisent pas pour une journée d’effort par cette température ! D’autant plus que le fermier refuse de donner de l’eau à quiconque. Bien que nous soyons de nature motivée, ce travail nous a tué. Au bout de 3 jours de travail, le boss en passant dans les rangs jette un œil à nos figues et commente positivement pour revenir ½ heure plus tard, s’engueuler avec notre voisin et devenir assez fou pour virer 15 personnes d’un coup, dont nous. J’étais soulagée d’en arrêter là tellement je souffrais d’irritations ! Nous ne sommes que des pions, demain 3 fois plus de backpackers viendront chercher du travail à sa porte…
Après cette première expérience peu enrichissante, notre working hostel nous propose de travailler dans la cueillette de raisins destinés à être séchés. Ici c’est $0,70 le seau. Les vignes regorgent de grappes et on arrive a remplir des dizaines et des dizaines de seaux. A la fin de cette journée fructifiante, je fais l’erreur de convertir mes gains en euros… C’est pas glorieux, mais mieux que rien ! Mis à part les effets secondaires : ma peau commence à se recouvrir de minuscules boutons du visage au nombril, me voilà transformée en reptile ! Pesticides ou bien allergie au soleil ? Même le médecin ne sait pas… Mais heureusement ça a fini par disparaître…
Bien que le travail laisse à désirer, nous commençons à gagner un petit pécule. Il n’y a aucune tentation aux alentours donc nous ne dépensons rien à part pour se nourrir. Et pour s’abreuver aussi, mais pas qu’en eau ! Il faut bien décompresser, après tout, on est au milieu de nulle part à passer nos journées le nez dans la poussière… L’alcool étant énormément taxé en Australie, nous essayons les produits bon marché où même la pire des piquettes est chère. Elle porte le nom de Goon (qui signifie débile) et s’achète en cubi. Tournée en Sangria, c’est pas mauvais. On teste aussi des bières « pas chères » qui n’ont pas de goût mais nous rafraîchissent. Nous dégustons des bières plus savoureuses à la Brasserie artisanale de Mildura.
Entre ces moments de détente et nos longues heures de travail, nous avons fait de superbes rencontres internationales et éphémères, écouté un anglais jouer the story of the Hurricane encore et encore, parlé culture avec une coréenne, appris des injures en italien, préparé notre road trip en Tasmanie avec un couple de français, partagé le rêve d’un irlandais pour le Machu Pichu, concocté des repas français, dégusté des délices taïwanais et dévoré des tonnes de figues et de raisin…
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